Abidjan a été au centre des mapathons ouest-africains qu’ont organisés ce WE (18/19 octobre 2014) les communautés OSM locales à Abidjan en Côte d’Ivoire, à Niamey au Niger, à Lomé au Togo, à Bobo-Dioulasso et à Ouagadougou au Burkina-Faso, à Saint-Louis et à Dakar au Sénégal, afin que le sous-continent sur son sol prenne directement sa part de la réponse humanitaire de la communauté OSM globale à l’épidémie d’Ebola et à la crise humanitaire majeure de République centrafricaine.
Ce mapathon a été préparé par le collectif de mappers du ProjetEOF du Sénégal, du Burkina-Faso, du Togo, de Côte d’Ivoire réuni dans la capitale ivoirienne pour y animer des ateliers de formation autour de la cartographie OSM et du développement d’applications web mobiles en HTML5. Cinq minutes de discussions suffirent au directeur de l’École Supérieure Africaine des TIC (ESATIC), structure d’État hébergeant les ateliers, pour décider d’y prendre part en autorisant l’accès du campus aux participants extérieurs sur l’ensemble du WE. Réponse immédiate aussi à l’appel #map4ebola des communautés ivoiriennes du libre (AI3L et Ôvillage) présentes via certains de leurs membres dans les ateliers. Enthousiaste aussi l’accueil des participants au fur et à mesure de leurs apprentissages des techniques de cartographie du projet OSM et de ses réutilisations en géomatique libre sous QGIS : l’itinéraire de formation avait été tracé pour faire un fil rouge de la réponse OSM à Ebola et de la réutilisation des données cartographiques de base par le système humanitaire 2.0.
C’est ainsi qu’en apprenant à cartographier sous OSM et à réutiliser (exploration et visualisation) sous QGIS, les bénéficiaires de la formation travaillaient aussi bien avec des données ivoiriennes que guinéennes, sierra-léonaises ou libériennes extraites de la base OSM (HOT Export, requêtes Overpass) et aussi des principales plateformes humanitaires de partage de données géographiques : sites COD/FOD de OneResponse et Humanitarian Data Exchange Language du Bureau de Coordination de l’Action Humanitaire (OCHA). Coupler ainsi étroitement formation et préparation dans un pays vigilant et sensibilisé à Ebola comme la Côte d’Ivoire s’est avéré efficace pour former, convaincre et mobiliser autour d’OSM pour la réponse Ebola : donnée de base créée pendant la formation et présence des participants de la formation assurée au mapathon.
Cet enthousiasme s’est renforcé devant l’adhésion rencontrée sur les médias sociaux ouest-africains autour de la mini campagne #map4ebola lancé en fin de semaine, il s’est conjugué à la joie provoquée par les arrivées échelonnées de mappers togolais (vendredi) et béninois (samedi) à Abidjan pour s’accroître au fil des démarrages des mapathons dans les autres pays de la sous-région et des arrivées des mappers abidjanais sur le site de l’ESATIC. Mention spéciale pour les hommes d’ôvillage arrivés avec deux box wimax du fournisseur d’accès internet MTN 15 minutes avant une longue coupure du FAI concurrent Orange. C’est ainsi galvanisés et forts de cette solidarité ouest-africaine que le collectif cartographique du ProjetEOF est entré dans sa nuit du mapping #map4ebola et #CARCrisis.
Dix longues heures durant, ce fut pour la trentaine de présents une longue intense et joyeuse séance de cartographie centrée sur Freetown et essentiellement sur les tâches 692 et 706 du Gestionnaire de tâches de l’ONG états-unienne HOT. Cet abattage géomatique a été rythmé par les sons et les standards musicaux de la sous-région diffusés en alternance par les uns et les autres. Ce « crowdsampling » a créé un patchwork sonore qui a donné à la nuit son épaisseur et, à ce collectif de mappers attelés à leurs tâches, une forme de langage commun non articulé, qui exprimait par séquences la force collective à l’oeuvre dans cette nuit solidaire où une jeunesse ouest-africaine a pris sa part de la réponse aux crises du sous-continent.