OpenStreetMap et Santé : cas d’utilisation coopératif d’un modèle réplicable de cartographie thématique

Cet article présente un cas d’utilisation concret de l’écosystème OpenStreetMap pour réaliser une cartographie détaillée relative à 116 centres de santé, 1365 km de routes, 322 ponts-gués/radiers et 224 localités, le tout au Burkina Faso.

C’est en février 2015 que tout a commencé à Ouagadougou, capitale du Burkina Faso, avec la rencontre de Guillaume Deflaux, coordinateur technique du projet Integrated eDiagnostic Approach (IeDA) pour la Fondation Terre des hommes (Tdh), et Augustin Doury, membre du collectif Les Libres Géographes et à cette époque Volontaire International de la Francophonie (VIF) au Burkina Faso pour le Projet EOF.
Cette rencontre a été rendue possible par l’introduction réalisée par Frédéric Moine alors Conseiller en Systèmes d’Information chez Tdh, merci à toi !

Contexte

Dans le cadre du projet IeDA, Tdh cherchait à produire des données géographiques qualifiées qui seraient utiles pour la planification opérationnelle de projet, l’exploitation de données sanitaires,environnementales et pour le partage de résultats.
Dans sa volonté de développer des liens avec les écosystèmes locaux liés aux données ouvertes et aux logiciels libres, ce projet a été conçu de façon étroite entre Tdh et Augustin Doury avec le soutien bénévole de Nicolas Chavent et Séverin Ménard du collectif Les Libres Géographes.
Ce projet a été financé par un Fond d’Innovation interne à Terre des hommes.

Résultats et livrables

Fin 2015, maintes fois retardés par l’actualité politique mouvementé du pays, le rapport complet et l’ensemble des livrables sont publiés sous licence libre (CC-BY-SA ou OdbL) (>>télécharger le rapport<<)  :

    1. le Kit Carto, soit 6 outils et méthodes permettant la collecte d’informations géographiques s’appuyant sur l’écosystème OpenStreetMap

Schéma du Kit Carto

  1. les données relatives à 116 centres de santé, 1365km de routes, 322 pont-gués/radiers et 224 localités ont été collectées par les enquêteurs de Tdh et ont été cartographiées par des mappers burkinabés (Ibrahim Sana, Innocent Dibloni et Ismaël Traoré), par ailleurs membres d’OSM BF, directement dans OpenStreetMap à l’aide du logiciel d’édition JOSM.
  2. une carte web interactive Umap permet de visualiser, requêter et télécharger les résultats extraits de la base OSM

Voir en plein écran

Un montage coopératif

Pour connaître le détail du montage, consultez le rapport public du projet.

Par montage coopératif, entendez un projet pensé pour avoir un impact positif et durable sur l’écosystème OpenStreetMap global et local, dans ce cas particulier cela passait par :

  1. documenter et publier sous licence libre l’ensemble des outils et méthodes qui nous ont été utiles, afin de partager notre expérience et d’encourager à la réplication volontaire par d’autres individus
  2. recruter en contrat de prestation, via un appel à candidature ouvert, de 3 mappers burkinabés, afin d’acter le fait que l’acquisition de compétences OSM sur un mode volontaire peut déboucher sur une activité professionnelle
  3. renforcer les compétences locales : en interne chez de Terre des hommes en formant ses enquêteurs à la collecte de données géographiques, mais également au sein de l’écosystème OSM à travers l’appui aux mappers burkinabés impliqués dans le projet. Ces derniers sont aussi rémunérés pour leur travail sur les aspects de documentation et de gestion de projet (reporting) qu’ils ont effectué pour partie au sein d’un cadre de renforcement de capacité dans ce domaine . Les images ci-dessous ont été prises durant la formation des enquêteurs et montrent les différents formateurs (de gauche à droite : Ibrahim, Innocent, Ismaël et Augustin) : gallery
  4. utiliser uniquement des outils de l’écosystème OpenStreetMap (JOSM, preset JOSM, Overpass API et Umap) pour réaliser la cartographie, afin de prouver la complétude et la qualité des outils disponibles, et de rendre immédiatement disponibles l’ensemble des données
  5. s’appuyer sur les ressources logistiques de l’association OpenStreetMap Burkina Faso afin que le budget associé puisse financer les communs (local, matériel, budget de fonctionnement) du projet OpenStreetMap au Burkina Faso et rendre possible un volet volontaire d’animation OSM dans ce pays. L’argent dégagé permet à l’association de disposer de plus d’une année de budget pour la location de leur local à Paglayiri, de bénéficier de fonds limités pour renouveler ou étoffer leur kit de matériels ou de pouvoir défrayer des actions de cartographie, de formation, de plaidoyer. Souvenez nous de l’article Le local d’OSM Burkina est ouvert !

Voici un schéma des différents acteurs et de leurs rôles respectifs :
Projet Tdh : schéma des acteurs

Le rôle du Projet Espace OpenStreetMap Francophone

C’est via son rôle de soutien à l’émergence de communautés OSM autonomes dans les pays francophones du Sud, qu’il a été possible de s’appuyer sur des individus, une expertise et une logistique locale (via des mappers indépendants et l’association OSM BF). En effet le Projet EOF soutient le projet OpenStreetMap au Burkina Faso depuis 2013 via plaidoyers, formations, formations de formateurs, missions de renforcement de capacités dans la sous-région, soutien financier et logistique à l’association OpenStreetMap Burkina Faso créée en 2015.
En particulier 2 mappers, Innocent Dibloni et Ismaël Traoré, avaient découverts OSM en janvier 2015 via une formation dispensée au local de l’association OSM BF par le Volontaire International de la Francophonie alors présent au Burkina Faso pour le Projet EOF.
Le3e mapper, Ibrahim Sana, est désormais Volontaire International de la Francophonie pour le Projet EOF, au Sénégal.

Un mot sur Les Libres Géographes

Les Libres Géographes est un collectif dont le nom, choisi en septembre 2015, définit clairement une volonté d’ancrer la géographie dans le domaine du libre. Futur opérateur économique, LLG prendra la forme d’une coopérative ancrée dans l’économie sociale et solidaire. Son appui au projet OSM se traduit pour chaque projet par :

  1. l’usage et le renforcement des outils, méthodes, données et acteurs individuels engagés de l’écosystème OSM
  2. une contribution financière à l’association Projet EOF dont l’objet est le soutien à l’animation OSM dans le pays où le projet est réalisé via la mise à disposition de ressources (animateur(s), locaux, matériel, etc.)

Enfin un grand merci à l’Association Linux Logiciels Libres Burkina Faso (A3LBF) qui a porté administrativement le projet pour l’association OpenStreetMap Burkina Faso en absence de reconnaissance officielle de cette dernière à la date du projet.